Maurice Benayoun Artiste transmédia, Directeur Artistique du CITu - Création Interactive Transdisciplinaire Universitaire, Fédération de Laboratoires initiée par l’Université Paris 1 et Paris 8 pour engager le débat sur le thème : « Peut-on modéliser, inventer et créer de nouveaux espaces territoriaux ? » Les intervenants, artistes et scientifiques, croiseront leurs conceptions et leurs expériences pour une exploration originale, créative et sensible des espaces de vie. Les échanges porteront sur les modalités concrètes de la « fabrication » des nouveaux imaginaires, des nouveaux usages et donc des futurs/possibles du territoire. « Discutants »
Antonnela Tufano Docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Enseignante/chercheur en Histoire et Théorie du Design. Spécialiste du Design de l’espace, à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Valenciennes et à l’Ecole Nationale Supérieure d‘Art de Nancy (ENSA).
Caroline Jullien Docteur en Philosophie des Sciences des Archives Poincaré/Nancy-Université, spécialiste du rapport entre l’esthétique et les mathématiques et son application au territoire. Chercheur à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et Techniques (IHPST), Laboratoire de l’Université Paris 1, de l’Ecole Normale Supérieure de Paris et du CNRS.
La conférence a lieu à l’Autre Canal, le 14 janvier de 17 à 19h30
Les conférences « ARTEM invite … »
A partir de 2008, ARTEM convie régulièrement des institutions et des personnalités de réputation internationale à Nancy pour apporter un éclairage original et une ouverture sur le monde concernant des enjeux stratégiques pour les territoires lorrains et la dynamique engagée par ARTEM. Les conférences « ARTEM invite … », constituent ainsi un temps d’échange, de partage et « d’agitation » d’idées nouvelles, de réflexions prospectives, pour décideurs institutionnels, d’entreprises, entrepreneurs et innovateurs ainsi qu’enseignants, chercheurs et artistes. Elles se déroulent de préférence le lundi en fin d’après-midi. Un conférencier invité est accompagné par deux personnalités qui complètent, discutent ses propositions et engagent le débat, qui s’ouvre progressivement avec l’ensemble des personnes présentes. Ces conférences, enregistrées, donneront lieu à l’édition d’actes annuels retranscrivant les présentations et les débats qui en découlent. Biographie des intervenants
Maurice Benayoun : quand un artiste « transmédia » représente le territoire
Artiste transmédia. Français né à Mascara (Algérie) le 29 mars 1957. Maurice Benayoun vit et travaille à Paris. Les créations de Maurice Benayoun ont été largement exposées et récompensées dans les musées et les manifestations internationales. Co-fondateur en 1987 de Z-A, société/laboratoire qui joua pendant 15 ans un rôle pionnier dans le domaine des nouveaux médias, de l’image de synthèse, de la réalité virtuelle, de la création numérique et de la muséographie interactive, il réalise entre 1990 et 1993 la série QUARXS en collaboration avec François Schuiten, la toute première série en image de synthèse 3D haute définition largement diffusée et récompensée sur le plan international. Il est en 1993 lauréat de la Villa Medicis hors les murs pour son projet AME, Après Musée Explorable, collection d’art contemporain en réalité virtuelle. Dès cette époque il réalise des installations artistiques interactives faisant appel à la réalité virtuelle dont : Les Grandes Questions (1994-96), le Tunnel sous l’Atlantique, événement historique de télévirtualité reliant le Musée d’Art Contemporain de Montréal et le centre Pompidou à Paris. En 1998, il reçoit le Golden Nica de l’art interactif du festival Ars Electronica pour l’installation World Skin, un safari photo au pays de la guerre. Ces deux travaux ont été reçus par la critique comme des événements majeurs de l’art interactif. Parallèlement à son activité artistique, Maurice Benayoun participe à la conception, la réalisation de la scénographie interactive de nombreuses expositions, événements et projets architecturaux. Nous noterons la Salle de Navigation (1997) de l’exposition Nouvelle image, nouveaux réseaux, et la Membrane (2001) de l’exposition l’Homme Transformé pour la Cité des Sciences de la Villette, les Tables Panoramiques de Planet of Visions, Exposition Universelle de Hanovre (EXPO2000) et le Parcours multimédia de l’abbaye de Fontevraud. Agrégé d’Arts Plastiques, il enseigne depuis 1984 la vidéo de création et les nouveaux media à l’université de Paris I (Panthéon Sorbonne). En 1996 à 1997, il est artiste invité à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris. Co-fondateur et directeur artistique du CITU, Création Interactive Transdisciplinaire Universitaire où il poursuit son activité de recherche et de développement de la production et de la réflexion sur les medias émergents. Parmi ces nombreuses productions artistiques, Cosmopolis, Overwriting the City est une exposition artistique et scientifique sur la ville et le développement urbain etl’une des plus importantes installations interactives jamais réalisées. Cosmopolis utilise 12 lunettes de réalité virtuelle et 12 écrans de projection pour une taille globale de 1200m². Réalisée dans le cadre de l’année de la France en Chine, cette installation constitue une nouvelle application du concept de mémoire rétinienne collective. Elle s’est ouverte le 18 avril 2005 au musée des sciences de Shanghai. Il a été distingué au niveau international à de multiples reprises (« e-toile », Net Art, Paris, janvier 2005, sélection officielle du festival International du Film d’animation et d’architecture, septembre 2003, meilleur projet multimédia, Grotte Chauvet, 2001, Lauréat avec Jean Nouvel du concours d’architecture pour la station de Métro Franklin Roosevelt, Paris 2000, …)
www.benayoun.com
Antonella Tufano : « designer » d’espace
Antonella Tufano, architecte-urbaniste de l’université de Naples (1992), s’intéresse aux principes de la méthodologie du projet, de l’échelle de l’objet à celle du territoire, et aux modèles d’appréciation et interprétation du projet (design) dans l’espace. Après avoir obtenu, en 1993, le Dea Jardin Paysages Territoires de l’Ehess et, en 1995, le CEAA Esthétique de l’architecture, elle a soutenu son doctorat à l’EHESS, en 2000, avec un travail sur la naissance et l’évolution du concept de paysage volcanique. Ce travail peut s’interpréter de manière plus générale comme la proposition d’une méthode d’analyse de la transformation de l’imaginaire lié à un lieu, en relation avec les événements sociaux et culturels, et d’une évaluation des aménagements sur des territoires sensibles où la moindre modification de l’espace produit une altération de la mémoire collective qui peut induire des conflits entre habitants et pouvoirs publics. Enseignante à l’École d’architecture (Paris La Villette et Paris Belleville) et à l’École d’art de Nancy (Théorie et histoire du Design d’espace), elle propose des cours et des ateliers abordant les différents aspects de la démarche de projet et de son impact sur le territoire (ateliers de projet sur l’intervention dans les grands ensembles, les cités-jardins, les territoires périurbains) et avec des cours théoriques abordant la place du concepteur entre "Ville et nature". Elle participe également aux travaux du laboratoire Gerphau et, tout particulièrement, l’étude sur la Grande échelle (appel d’offre conjoint du Ministère de l’Équipement et Ministère de la Culture-direction de l’architecture ; projet financé jusqu’en janvier 2009). Ses articles abordent cette notion de stratification et évolution du territoire et ont permis de cerner le rôle du design d’espace à l’articulation des échelles (celles géographiques, physiques - de l’objet au paysage- et celles temporelles -histoire d‘un lieu et mémoire individuelle et collective). La notion de design d’espace permet une souplesse d’analyse et intervention par rapport aux disciplines institutionnalisée en laissant aux designers d’espace un rôle de pivot dans la conception d’un espace. Travaillant sur la mise en relation, la médiation, le designer d’espace ne s’enferme pas dans le rôle du "concepteur d’une solution formelle" mais possède en même temps la rigueur intellectuelle et la capacité d’invention de solutions viables socialement (projet de la convivialité). A partir de ces deux directionNalités (individuelle, celle du concepteur, et collective, celles des désirs émanant du territoire), il devient fondamental de développer l’analyse d’un territoire non seulement comme site d’interventions mais comme milieu où les échanges (interactions) homme-société-nature-urbain trouvent place.
Caroline Jullien : pour une esthétique appliquée au paysage
Caroline Jullien, mathématicienne et philosophe de formation, est docteur en philosophie des Sciences. Elle a évolué au sein du Laboratoire des Archives Poincaré (Esthétique et modes opératoires en mathématiques - Une exploration goodmanienne) sous la direction du professeur Gerhard Heinzmann, Directeur de la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine. Elle a reçu le prix de thèse délivré par Nancy-université en 2007. Les travaux de Caroline Jullien procèdent d’une étude des concepts mathématiques destinée à montrer que leur genèse et développement peuvent répondre à des nécessités esthétiques. Dans sa thèse, elle montre qu’il est possible d’expliciter et de décrire ces nécessités en s’appuyant sur les travaux de N. Goodman : l’évaluation esthétique des mathématiques succède à un fonctionnement esthétique. Plus précisément : le fonctionnement des mathématiques en tant que système symbolique requiert un versant esthétique. L’idée est de fournir des critères sémantiques et syntaxiques du fonctionnement esthétique et de montrer que les mathématiques, en tant que système symbolique, répondent ou peuvent répondre à ces critères. Ces critères, en même temps qu’ils contribuent au potentiel esthétique, servent la cognition. Les thèmes de recherches de Caroline Jullien constituent en ce sens le prolongement d’une tradition déjà bien ancrée dans la manière de faire de l’esthétique en Lorraine. A preuve, le Doctorat Honoris Causa de l’Université Nancy 2 remis à Nelson Goodman en 1997 à Pont-à-Mousson. Elle développe depuis septembre 2007 une démarche originale d’esthétique appliquée aux questions paysagères qui constitue la première pierre d’une plateforme d’expérimentation et de simulation de « modélisation sensible » du territoire. Post-doctorante au CNRS, elle affine une approche théorique et méthodologique à l’Institut d’Histoire de Philosophie des Sciences et des Techniques (Laboratoire commun à l’Université Paris 1, l’Ecole Normale Supérieure et le CNRS) à partir d’une réflexion empirique sur plusieurs les territoires lorrains « sensibles ». « Depuis une quinzaine d’année, les projets environnementaux à ambition pluridisciplinaire se multiplient. Dans une grande majorité, les projets de ce type menés sur le territoire français se fondent sur un triptyque « schématisable » selon une facette géographique, une facette écologique et enfin une facette sociologique. Si la démarche pluridisciplinaire est largement justifiée, les résultats obtenus ne présentent que rarement la pertinence escomptée. La principale raison en est la perte de cohérence au niveau de l’analyse finale, elle-même étant conséquente au manque de clarification des différentes acceptions du terme de paysage selon la perspective géographique, sociologique ou écologique sous laquelle se dernier est entendu. Des difficultés d’ordre sémantique découlent de ce manque de clarification conceptuelle, par exemple sur la signification à accorder aux propriétés esthétiques relatives au paysage et sur la façon dont on doit appliquer les prédicats construits à partir de ces propriétés. De façon synthétique, il apparait que la majeure partie des études paysagères multidimensionnelles en France se révèle in fine davantage comme une juxtaposition d’approche d’horizons et de méthodologies variés plutôt que comme une étude fondée sur une dynamique de collaboration entre différentes disciplines. Face à ces difficultés, il apparait nécessaire avant tout autre chose de construire une réflexion analytique et systématique sur le concept central de paysage. L’un des objectifs de cette réflexion étant d’obtenir - au-delà de la clarification nécessaire et attendue - un moyen de cerner les enjeux de problématiques liées à la question du paysage selon la perspective selon laquelle on se situe. Il ne s’agit en aucun cas de proposer une définition commune mais bien de mettre en lumière l’ensemble des différences et similitudes entre les définitions possibles. »